La révélation sur le chemin

- Ca va je suis présentable ?
- Oui Grand Père, tu es toujours présentable tu sais.
Cela doit bien faire sept fois qu’il me demande s’il est présentable depuis que nous avons quitté Astrub. Damselkat a du vraiment lui faire une bonne impression lorsqu’elle est allée le trouver pour lui parler car il y avait longtemps que je n’avais pas vu mon grand père dans un état pareil. Les gens qui ne le connaissent pas ont l’habitude de dire qu’il a plus qu’un brin de folie à tout le temps parler de ses minerais et de la mine, mais aujourd’hui j’ai comme l’impression que mon grand père est un autre homme et qu’il a oublié ses tracas liés à ces galeries souterraines qui menacent de s’écrouler.

Ma rencontre avec cette ecaflip va changer ma vie, je le sens. J’appréhende cependant beaucoup la rencontre de Papy Clint avec les gens de son clan et j’espère qu’aucun de ceux que j’ai déjà rencontrés jusqu’à présent ne vendront la mèche sur la date de ma rencontre avec eux. Si jamais Grand Père venait à apprendre que j’ai fait le mur depuis des semaines sans qu’il ne sache, c’est certain que cela lui briserait le cœur. Je l’aime mon Grand Père mais il est un peu trop protecteur. Peut être est-ce parce que je suis la seule famille qui lui reste et qu’il a peur de me voir le quitter un jour ?

Tout en marchant sur le chemin poussiéreux, je regarde ce vieil homme qui m’accompagne vers mon destin. Mon arc bat sur mon flan à chacun de mes pas rythmant la marche et je me demande ce que me réserve demain. J’espère vraiment que Papy Clint acceptera que je suive Damselkat pour qu’elle m’apprenne à chasser des proies plus grosses que les tofus et les larves. Je l’ai déjà vue à l’œuvre et j’ai été très impressionnée par sa technique.

- Tu aurais pu t’habiller plus chaudement…
- Mais grand père ! Tu sais bien que tout ce tissu me gène dans mes mouvements et que je ne peux plus tirer correctement à l’arc !

Ce n’est pas première fois qu’il me fait ce reproche détourné sur ma tenue trop légère à son goût. Mais je dois dire que je n’ai jamais compris comment faisaient les autres filles pour pouvoir bouger librement avec ces tenues si contraignantes. Si cela ne tenait qu’à moi je courrais nue de par les champs pour chasser ! Oh bien sûr il y a les regards des garçons et des hommes, mais je n’en ai cure, ce n’est pas moi que cela dérange. Si grand Père savait que j’ai rencontré un ecaflip charmant dans les champs des Ingals ! S’il savait que j’avais déjà été demandée en mariage, je crois qu’il en aurait une attaque ! Mais ce matou est un peu trop pressé à mon goût, il est gentil, romantique, il m’a même déjà écrit un poème mais… il est tellement poilu ! Et puis… je ne suis pas pressée, je crois que je n’ai pas encore rencontré la personne qui fera battre mon cœur… alors en attendant, je pense que je vais m’amuser un peu… Je sens le regard de mon Grand Père sur moi et je me dépêche d’effacer le petit sourire sur mes lèvres avant qu’il ne me pose trop de questions.

Heureusement j’aperçois au loin les premières huttes du village des Valhalla, je presse le pas, sentant monter en moi une étrange excitation. Je sens soudain la main de mon grand père qui me retient par le coude.
- Attends Shorsha.
Je me retourne surprise. Il est rare que mon grand père m’appelle par mon prénom et compte tenu de la mine sombre qui peint son visage, je devine qu’il a quelque chose de très important à me dire. Je le regarde sans comprendre sortir un petit médaillon de sa poche et me le tendre d’une main chevrotante.
- Qu’est-ce que c’est Grand Père ? Un cadeau ?
Ah non. Cela ne doit pas être un cadeau vu la moue gênée qu’il me fait et le silence à mon interrogation. Je décide d’insister et de reposer ma question :
- Qu’est-ce qu’il y a Grand Père ? Qu’est-ce que c’est ?
- Ouvre le Shorsha.

Je prends délicatement le pendentif et je le scrute pour trouver son ouverture. Lentement j’actionne le petit clapet qui le maintient fermé et je l’ouvre. Je m’attendais à voir à l’intérieur quelque chose comme une photo, mais il n’en est rien. Non à la place je trouve un blason ciselée dans le métal. Je passe doucement la pulpe de mon pouce dessus pour en sentir le relief avant de regarder mon Grand Père sans comprendre. Il semble enfin sortir de son mutisme et se décide à me parler.
- Oui tu as bien vu Shorsha, c’est un bien étrange symbole que voilà… et il était pendu autour de son cou le jour où… Où je t’ai trouvée.

Sans le vouloir, je fais un pas de recul. Trouvée ? Mais qu’est-ce que Grand Père veut dire par là ? Comment ça trouvée ? J’ouvre la bouche pour le harceler de questions mais je le vois prêt à me donner les réponses que j’attends.
- J’allais à la mine située dans la montagne de Craqueleurs lorsque j’ai entendu des hurlements ce jour là. C’étaient les cris d’un enfant…. Tes cris. Lorsque je suis arrivé dans cette clairière, j’ai tout d’abord vu un milimulou qui terminait son repas penché sur deux … cadavres et puis je t’ai vue. Tu ne devais pas avoir plus de trois ans et tu étais recroquevillée dans des buissons, couverte de sang de la tête aux pieds. Apparemment tes parents avaient été victimes d’une attaque de plusieurs milimulous et t’avaient protégée comme ils avaient pu. J’ai réussi à mettre en fuite le monstre en lui jetant au museau ma pelle. Tu avais ce médaillon autour du cou.

Le silence que mon grand père observe de nouveau me dit qu’il ne doit pas en savoir beaucoup plus. Je reste là plusieurs minutes incrédule face à ce qu’il vient de m’annoncer. Ainsi je ne serais pas sa petite fille ? Ainsi mes parents seraient morts tués par un monstre sanguinaire assoiffé de sang ? Ainsi je portais ce médaillon autour du cou… Mon regard se pose à nouveau sur le blason gravé dans le métal. Je pressentais bien que quelque chose me rapprochais de Damselkat et de ce clan… Je prends soudain conscience que Papy Clint savait depuis belle lurette que je faisais des escapades sans sa permission. Je ressens soudain une bouffée d'amour pour mon grand père que je serre dans mes bras en lui murmurant non pas sans émotion :
- Je t'aime Grand Père.

Lentement mes doigts se referment sur le bijou qu'il vient de me donner et j’annonce d’une voix déterminée :
- Viens Grand Père. Allons voir ces Valhalla.

nerfka observe de loin la jeune crâ dans sa "petite" tenue comme lui a conseillé Kaorie....
hum....pas venu pour rien moi..... Ca change de ce qu'on à l'habitude de voir dans le clan,.... "héhé, ... hum c'est qui le papy devant? allé oust!! ro bouge...!! ><"

Hier je n'ai pas pu répondre favorablement à l'invitation que m'avait faite Damselkat pour une chasse au sanglier, il y a des choses qui ne peuvent pas attendre et Grand Père avait besoin de moi pour l'aider à nettoyer ses outils de travail. Je suis déçue parce que j'aurais bien aimé revoir Damselkat, Vodkazawa et Krapette et puis aussi rencontrer les autres du clan Valhalla.

Aujourd'hui j'ai osé passer par dessus ma timidité et je me suis rendue seule dans leur village espérant y croiser quelqu'un. Mais j'ai dû passer à une heure où tout le monde était occupé et je n’ai vu personne. Mes pas m'ont pourtant conduite jusqu'à une hutte dont la porte était restée entrouverte. J'ai été surprise de trouver un carnet de notes que je n'ai pu m'empêcher de lire...

C'est étrange comme certaines choses deviennent soudain très limpides lorsque l'on est attentif à de petits détails. J'ai l'impression que le voile d'incompréhension s'étiole et se déchire lentement au fur et à mesure que mes yeux parcourent ce qui est écrit sur ses pages. Plusieurs noms s'accrochent dans mon esprit... Leauquille, Quin Keeler, Eevens Dors, Au-Dinde...

Je dépose lentement le carnet de notes pour venir chercher le bijou métallique que j'ai rangé dans ma poche. Je ne sais pas pourquoi je ne le porte pas autour du cou... Ce symbole qu'il contient… Je crois que j’ai une certaine appréhension qu'on le voit, mais pourquoi ? Pourtant il est soigneusement protégé par une coque d'argent... Il y a encore bien des choses que je vais devoir éclaircir par rapport à ce médaillon... et en particulier découvrir quel est ce blason étrange qui me semble à la fois si familier...

Je quitte discrètement la hutte pour m'en retourner à Astrub avec une foule de questions tournant dans ma tête. Je dois y apporter des réponses.
Il le faut.

Assise dans l'herbe de la forêt d'Amakna, je respire le doux parfum de cette fleur magnifique que mon gentil Shadow m'a offerte. J'observe avec attention et émerveillement les pétales si délicats de cette edelweiss si fragile et si belle à la fois. C'est bien la première fois qu'un garçon m'offre des fleurs... Je repense avec un sourire béat à ses sauts impressionnants de puissance et de grâce qu'il fait lorsqu'il combat.

Je pousse un soupir rêveur en repensant à la façon dont j'ai rencontré ce beau iop au coeur sur la main et à l'âme si droite. Mes joues s'empourprent et mon coeur s'emballe lorsque je resonge à cet instant précieux où il a posé ses lèvres sur les miennes dans un baiser timide. Ahhhhh... comment vais-je pouvoir en parler à Grand Père ? Ma laissera t-il revoir ce jeune homme qui occupe toutes mes pensées et mes rêves ?

Mais que m'arrive t-il ? Me voilà mise toute en émoi par un garçon, c'est bien la première fois que cela m'arrive... Je dois pourtant me ressaisir et me recentrer sur les projets que j'ai pour l'avenir, reprendre contact avec Damselkat et ses amis, me renseigner encore sur leur clan. C'est pour cela que Grand Père me laisse sortir ces derniers temps et je ne dois pas trahir sa confiance encore. Je montrerai à Damselkat mon médaillon la prochaine fois que je la verrais, j'espère qu'elle pourra m'aider à comprendre d'où je viens !

Je ne sais pas ce que j'ai depuis quelques jours mais je ne suis pas dans mon assiette. Il y a trop de choses qui me contrarient je crois bien. Certaines qui ne devraient pas me contrarier et pourtant… j'ai un noeud au creux de l'estomac, comme si quelque chose ne passait pas. Forcément, cela me rend de mauvaises humeur et Grand Père s'en est rendu compte je le sais même s'il ne m'a rien dit.

Je sens qu'il va reporter tout ça sur le dos de Valentin alors qu'il n'y est pour rien... Je m'arrête soudain de marcher sur le chemin poussiéreux comme frappée par la foudre. Valentin... Tout ce qui me contrarie et me préoccupe tourne autour de lui. Tout d'abord cette histoire avec Damselkat : je ne voulais pas me fâcher avec elle, mais je n'ai pas aimé entendre ce qu'elle m'a dit. Ce soir là lorsque je suis arrivée en retard après le tirage des fées d'artifices, nous nous sommes violemment disputées. La voir ne pas comprendre ma position a fait naître dans mes entrailles une rage folle et j'ai bien senti que je n'étais pas loin de craquer, alors je suis partie. Oh pas bien loin ! Je suis restée à coté à ressasser ce qui avait été dit sans voir où la discussion avait dérapé. C'est alors que cet archer, ElfeRaleur s'est approché de moi en entamant la discussion sur le petit bwak qui m'accompagnait, petit bwak, que Valentin m'avait offert le matin même. Cela m'a fait du bien de parler avec lui et au fil de notre conversation j'ai compris que Damselkat ne devait pas être bien ce soir là et qu'elle devait avoir des tracas puisque selon ses dires, même ses amis n'avaient pas compris les causes de sa colère. Je suis rentrée à la maison en douce, l'heure était tardive, mais depuis je n'ai pas revu Damselkat et savoir qu'elle est en colère contre moi me fait souffrir. Je lui dois déjà tellement ! C'est grâce à elle que Grand Père a accepté de me laisser sortir plus souvent et c'est aussi grâce à elle que j'ai pu rencontrer mon Shadow.

Mon Shadow... je me sens bien avec lui et j'ai été très heureuse lorsqu'il a réussi à convaincre Papy Clint de le laisser m'épouser, mais je ne sais pas pourquoi depuis je ne dors pas, je me sens bizarre. Rien que l'idée de devoir organiser toute la cérémonie, l'idée de me voir mariée avec quelqu'un... Finalement Grand Père n'a peut être pas tord : je suis encore trop jeune.

Je rentre à la maison et je presse le pas jusqu'à l'atelier pour conserver les cuisses de bouftous que j'ai pu rapporter de la chasse et là je trouve une lettre de Krapette que j'ouvre tout en marchant. Krapette m'y parle des derniers évènements de leur clan, de leur changement de bannière, de nom et de village et elle me dit aussi qu'elle aimerait me rencontrer avec Damselkat. L'étau qui me serre l'estomac remonte instantanément jusqu'à ma gorge. Une confrontation avec Damselkat ? J'hésite un long moment. Suis-je prête à entendre ce qu'elle me dit sans m'énerver ? Et elle est-elle prête à m'écouter et à me comprendre ? Je réfléchis tout en mettant ma viande en conserves et lorsque je rentre à la maison j'ai pris deux décisions.

La première est d'accepter cette confrontation avec Damselkat et Krapette car il est temps que les hostilités cessent. Si Damselkat a des soucis, je dois lui faire savoir qu'elle peut compter sur moi. Ma seconde décision sera de parler mes appréhensions à Valentin au sujet de notre mariage. Peut être sera t-il d'accord pour que nous attendions encore un peu ? J'espère qu'il comprendra !

Ce soir là, une fois de plus, impossible de trouver le sommeil. Je me relève et je vais chercher mon petit médaillon, avant de me rallonger sur ma couche en le regardant exposé à la lumière blafarde de la lune qui frappe le creux de ma main. Du bout de l'index, j'actionne le petit loquet et je l'ouvre pour voir le symbole gravé et là je suis frappée de stupéfaction. Placé dans le rai de lumière lunaire, le blason gravé scintille légèrement. Qu'est ce que cela peut bien vouloir dire ? Je me lève d'un trait, récupère mon équipement avant de sortir de chez moi à petits pas pour que Grand Père ne m'entende pas...

Je me glisse à pas feutrés dans la maison pour ne pas réveiller Grand-père. S'il venait à me surprendre à rentrer à cette heure là, il en serait malade j'en suis certaine. Je dépose à l'entrée mon arc, mes bottes et mon couteau de chasse, ainsi que mon sac où les pots de viande conservée s'entrechoquent dans un bruit métallique. Je garde dans ma main gauche le joli bouquet que l'on m'a offert aujourd'hui. J'ai envie de le placer dans ma chambre pour pouvoir le regarder à loisir et m'émerveiller encore de ces fleurs étranges que je n'avais jamais vues auparavant.

Je pousse la porte du salon et là je tombe, prise au dépourvu, nez à nez avec Grand-père qui me regarde avec un air autoritaire et qui me déclare avec un ton plein de reproches et de réprimandes :
- C'est à cette heure ci que tu rentres ? Où étais-tu Shorsha, je m'inquiétais pour toi.
- Oh Grand-père, je ne voulais pas te réveiller... Je… suis allée à la chasse avec Damselkat et ses amis et puis ensuite je… j'étais à la taverne, je discutais ne t'inquiètes pas, je vais bien.
En réalité je suis satisfaite de la journée. J’ai pu faire la paix avec Damselkat et je m’en trouve soulagée. J’espère qu’à partir de maintenant, nous éviterons le sujet qui fâche. Je suis aussi satisfaite parce que j’ai pu rencontrer d’autres membres du clan auquel Damselkat appartient. Je vois les yeux inquisiteurs de Papy Clint se poser sur le bouquet que je tiens à la main et froncer les sourcils.
- Et ça ? Qu'est-ce que c'est ?
- Oh ça...
Je lève les jolies fleurs à hauteur de son nez pour qu'il puisse les admirer et sentir leur doux parfum et je déclare en souriant :
- C'est le plus beau des bouquets que l'on m'ait jamais offert jusqu'à présent. C'est un cadeau de... d'une personne que j'ai rencontrée cet après midi au cours de la chasse.
Je n'ai pas vraiment envie d'entrer dans les détails, mais Grand-père lui semble vouloir en savoir plus.
- Je vois. Et c'était avec cette personne que tu étais ? C'était avec lui que tu discutais jusqu'à cette heure ci ?
Il prend un air sévère.
- Et que dit Valentin de tout cela ?
Mon sourire se fige. Je reste interdite quelques secondes. Valentin. Je n'ai pas du tout pensé à lui aujourd'hui et je n'y avais pas pensé jusqu'à ce que Grand-père m'en parle. Je me sens soudain étrange et mal à l'aise et je balbutie en baissant les yeux :
- Je ne sais pas Grand-père. Je ne sais pas.
Il voit mon embarras et son visage s'adoucit légèrement.
- Ma fille. Tu sais que je ne veux que ton bonheur, mais prends garde à cette situation qui risque de mal tourner.
Je ne comprends pas ce qu'il veut dire. Je n'ai fait que parler avec lui, je n'ai rien fait de mal. Je ne comprends pas pourquoi il me sermonne sur le fait d'avoir reçu un bouquet, je m'attendais plus à ce que ce soit mon heure de rentrée qui soit à l'origine d'un conflit. Si c'est Valentin qui inquiète Grand-père, je dois le rassurer.
- Ne t'inquiète pas Grand-père. Je devrais revoir Valentin bientôt et je lui parlerai de ce bouquet si tu penses que cela est important. Mais en attendant, je vais aller me coucher, la journée a été longue et la chasse difficile. J'ai besoin de repos.
Je mets vite fin à cette conversation qui me gène en déposant un baiser sur la joue de Papy Clint et je me dirige vers la porte de ma chambre. J'entends mon Grand-père qui se murmure à lui-même en me regardant m'éloigner.
- Oui c'est important Shorsha. Je ne t'avais encore jamais vue sourire comme ça.

Je pousse la porte de ma chambre et je me retrouve enfin seule. Je prends le temps de bien disposer les fleurs dans un vase et je m'assieds sur mon lit avec le regard rêveur. J'ai passé une très bonne soirée et je me fais la remarque que j'ai confié des choses à Perce Oreille. Des choses dont je n'avais encore jamais parlé à personne en dehors de Grand-père, pas même à Valentin. J'ai beaucoup aimé parler avec cet archer. Je me suis sentie écoutée. C'est la première fois.

Je reste comme cela les yeux dans le vague de longues minutes avant de sortir mon médaillon du sac. Je me lève et j'écarte doucement les rideaux de la fenêtre pour laisser entrer la lumière de la lune. Cette nuit encore, le symbole gravé dans le métal luit faiblement et je me demande avec un petit sourire amusé si c'est parce que Perce Oreille est en train de cueillir des fleurs. Je referme lentement mon médaillon et gagne mon lit.

Allongée, je me repasse toujours en souriant les mots et les phrases que ce jeune archer m'a dit aujourd'hui et je me fais la remarque que j'ai grande hâte de le revoir. Et puis mes yeux se posent sur mon petit bwak, que m'a offert Valentin, et qui se tapis dans un coin de la pièce pour dormir. Valentin... Je crois que j'ai un problème...

J'ouvre les yeux réveillée par un rai de soleil qui chauffe mon visage. Je m'étire telle un chachat et j'éclate de rire en imaginant Shaggy en faire de même sous les yeux émerveillés de son maître. Comme j'ai bien dormi ! Quelle merveilleuse soirée j'ai passé et quel merveilleux diner ! Plus je le découvre, plus je l'apprécie...

Je tourne la tête et mes yeux se posent sur ce petit vase dans lequel se trouve une edelweiss. Je l'ai mise dans l'eau hier soir et pourtant je mourrais d'envie de la serrer tout contre mon coeur en me souvenant de ses paroles. "Prends cette fleur...lorsqu'elle sera fanée, nous nous retrouverons. Plus tu l'arroseras et plus elle perdurera, plus tu l'approcheras de la chaleur et plus elle se déperira." J'ai été vraiment touchée par ses paroles hier soir et lorsqu'il a ajouté qu'il était sûr que tout contre mon coeur il devait faire bien chaud, je me suis sentie voler sur un petit nuage.

Comme j'ai eu envie de la serrer contre moi cette fleur fragile ! En allant me coucher j'ai bien failli et puis je me suis raisonnée en me rappelant ce qu'il m'avait dit. Il a raison, il ne faut rien brusquer et j'ai des choses à régler avant. Je dois voir Valentin et je dois lui parler, je voudrais tellement que tout soit parfait !

Je me lève d'un bond et je me prépare pour sortir et me rendre dans les locaux de ce petit groupe que j'ai rejoins avec Valentin dernièrement. Lorsque j'y arrive j'ai un peu l'impression d'être transparente tant les réponses à mon bonjour sont rares. Je demande pourtant si Valentin a montré le bout de son nez dernièrement et j'apprends qu'il était là la veille. Il était là et il n'est même pas venu me voir ! Il était là et a préféré jouer aux cartes avec les autres plutôt que de passer un peu de temps avec moi ?! Il ne m'a même pas parlé de cette partie de cartes... Ouhhh ! Je serre les poings et je fait volte-face, un peu furieuse, bien décidée à le trouver et à lui parler. Je claque la porte des locaux et je sors.

C'est après avoir fait presque cent pas que je m'arrête, me demandant où il pourrait bien se trouver. Je réfléchis quelques instants et je sens ma colère s'envoler en apercevant une jolie fleur des champs. C'est un peu plus appaisée que je reprends mon chemin, sûre de ce que je vais dire à Valentin. Lorsque je l'aurais trouvé, j'apporterai un soin tout particulier à cette belle fleur.

J'ai bien cru qu'hier était le plus beau jour de ma vie, enfin presque parce qu'il y a eu certaines ombres dont je me serais bien passée. Tout d'abord Valentin qui est introuvable depuis des jours. Cela a le don de m'énerver parce que je souhaiterais vraiment lui parler pour mettre les choses au clair. Je n'ai pas pu résister à emporter avec moi la fleur que Perce-Oreille m'a offerte. Je l'ai portée toute la journée contre mon coeur avec l'impression de l'avoir à mes cotés. Le soir venu, j'ai constaté avec un petit sourire et une pointe de perplexité que le végétal était bien mal en point.

C'est à ce moment là que j'ai été contactée par l'Asse-Gardien. J'ai été invitée à me joindre à eux au bout d'un petit jeu de piste où je me suis bien amusée. Il fallait que je les retrouve. J'ai senti mon coeur s'emballer lorsque j'ai vu qu'il était là, le gentil Crâ qui occupe mes pensées depuis quelques jours. J'ai eu du mal à me concentrer pour réfléchir et pour répondre correctement aux questions que l'on me posait. Heureusement que Terreur était là pour m'aider !

La soirée a été merveilleuse jusqu'au moment où ils ont voulu que je rencontre en défi l'un des leurs. Que Crâ me pardonne, je ne voulais pas me mesurer à Perce-Oreillle, je ne voulais pas lui faire de mal. J'ai senti que quelque chose se cassait en moi au moment où j'ai décoché ma flèche. Si Perce-Oreille ne me l'avait pas demandé lui même, je n'aurais jamais accepté. J'espère ne jamais avoir à refaire une chose pareille car j'aime sentir ses lèvres sur ma main comme un papillon effleure une fleurs lorsqu'il vient la butiner, car... je crois que je l'aime moi aussi.

Aujoud'hui, il me reste à chercher encore et encore à voir Valentin, pour que je puisse sortir de ma retenue, je dois le voir pour avoir enfin la paix et pour que le regard de Krapette soit moins pesant sur moi. Je n'aimerais pas avoir à lui dire de se mêler de ses affaires. Je sens qu'elle n'approuve pas ce que je vis ou la manière dont je le vis en ce moment et cela m'agace profondément. Pourquoi les gens se mêlent toujours des affaires qui ne les concernent pas ?

Leelow dans les bois, ecoute tout ce qui peu ce glisser dans son oreille , sans le vouloir elle ce retrouve au milieu des discutions, apres quelle entendu Valentin elle courru prevenir Shorsha et evidement Perce-oreille.
Essouflée elle parla a Shorsha

Jai entendu dire que Valentin voulait tuer Perce-oreille, il ce renseigne si il est ange ou demon ... faite attention a vous

Elle reparti aussitot ecouter .... couper du bois .

Cette nouvelle, je ne l'attendais pas. Oh oui bien sûr je me demandais pourquoi mes lettres étaient sans réponse, pourquoi il était impossible de le voir et bien la voilà mon explication ! Je ne sais pas par quel miracle, il a appris le nom de Perce-Oreille, mais il n'est pas question que je le laisse partir sur cette voie là !

Il faut que je réagisse et vite. Je dois avant tout prévenir Perce-Oreille, en espérant qu'il comprendra. Je n'avais rien de particulier à reprocher à Valentin jusqu'à présent, mais voilà qui me donne l'excuse rêvée qu'il me manquait.

Deux jours auparavant :

- Grand Père ? Je peux te parler ?
- Oui, bien sûr, entre ma fille, je t'écoute.
Je m'assois sur la chaise en face de mon Grand Père en lui adressant un sourire crispé. J'ai peur de sa réaction, j'ai peur qu'il se mette en colère, mais je dois lui parler de Perce-Oreille. C'est étrange comme j'ai cette boule au creux de l'estomac et la bouche sèche.
- Parle moi Shorsha, tu as l'air préoccupée, qu'est ce qu'il y a ?
Je ne peux décidément rien lui cacher à Grand Père... Je prends une profonde inspiration et je décide d'être franche et honnête avec lui.
- J'ai peur que tu ne l'aimes pas Grand Père, même si je ne conçois pas que l'on ne puisse pas l'aimer.
A son regard, je comprends qu'il sait déjà. Sans un mot il m'invite à continuer.
- Je... Il s'appelle Perce-Oreille. C'est un très gentil garçon tu sais Grand Père.
- Où l'as-tu rencontré Shorsha ?
- Il fait parti de clan de l'Asse Garde, tu sais le même que Damselkat. Je l'ai rencontré au cours d'un des ateliers qu'ils avaient organisé et lorsque je l'ai vu... j'ai su. Grand Père à chacune de nos rencontres, je m'aperçois combien je me sens bien avec lui, combien je me sens heureuse. J'ai l'impression de renaître quand je suis avec lui.
Le silence de mon Grand Père pourrait m'inquiéter si je ne voyais pas ses yeux chargés d'émotion et de tendresse qu'il pose sur moi.
- Et Valentin dans tout ça ? Lui as-tu dit ?
Je hoche de la tête lentement.
- Oui Grand Père. Je lui ai dit.
- Bien. Je suppose donc je ne dois pas m'attendre à ravoir des bouts de blops de sa part ?
C'est tout mon Grand Père ça. Faire des plaisanteries lorsque le sujet abordé est sérieux. C'est sûrement ce qui a contribué à ce qu'on le prenne pour un fêlé, mais j'aime bien cette manie qu'il a de dédramatiser les choses. Je souris faiblement en secouant la tête.
- Non Grand Père, je ne pense pas que nous le reverrons avant un moment.

Le silence qui suit me semble pesant. J'attends la réaction de Grand Père. Réaction qui ne vient pas et qui se fait attendre. Je le vois plongé en pleine réflexion et l'espace d'un instant la boule revient au fond de mon estomac. J'entends enfin sa voix qui sonne comme le verdict tant attendu :
- A t'entendre parler de lui, ce doit être un jeune homme qu'il faut connaître. J'aimerai le rencontrer si tu n'y vois pas d'inconvénients.
Le fait que ce soit mon Grand Père qui en fasse la demande me laisse sans voix et me donne tellement d'espoir ! Je me lève pour lui sauter au cou et l'embrasser en m'exclamant :
- Oh merci Grand Père ! Merci ! Tu vas l'aimer j'en suis certaine !

Quelques instants plus tard, je sors en courant de la maison pour rejoindre mon joli papillon et lui annoncer la bonne nouvelle. Mais c'est soirée d'activité au village et il ne me semble pas possible de voir Perce-Oreille en tête à tête tout de suite. Je remets à plus tard l'annonce de la nouvelle et je prends part avec les membres du village à l'exploration de ce donjon d'où sortent les bouftous que j'aime tant chasser.

(...)

Cela fait des heures que je marche sans autre but que de tenter de me calmer. Jamais avant je n'ai ressenti une telle colère, une telle hargne et jamais encore des larmes ne m'ont parues aussi brûlantes. Je marche en ressassant ce qui vient de se passer dans ce donjon. J'en veux au monde entier d'avoir laisser mon papillon prisonnier de ce donjon et je m'en veux surtout de ne pas être restée à ses cotés et d'avoir plongé tête baissée, attirée par la perspective d'une chasse prometteuse.
Est-ce dû aux larmes qui me troublent la vision ou le paysage qui m'entoure à présent est loin de ressembler aux prairies et sous bois verdoyants d'Amakna ? Je m'arrête, j'essuie mes yeux du revers de mon poignet et je regarde partout autour de moi. Tout est si sombre, le sol semble si aride et la végétation presque inexistante. Mais où suis-je ?

Soudain devant moi se dresse un homme emmitouflé dans une longue cape à la couleur flamboyante. Je sens peser sur moi son regard perçant, comme s'il parvenait à lire tout au fond de mon âme. Je suis captivée par ses yeux sombres et j'en oublie tout ce qui il y a autour de nous. Je l'entends me parler même si ses lèvres ne bougent pas, je ne comprends pas tout ce qu'il me dit, mais je sais que je n'ai pas peur. Je ne sais pas combien de temps nous restons là face à face à nous regarder et à communiquer, le ciel est si bas qu'il est impossible d'en voir le soleil pour évaluer l'heure qu'il pourrait être.
Lentement, l'homme lève un bras et pointe de l'index un rocher. Il me demande de lui rapporter ce qu'il y a sous cette roche. J'obéis sans résistance, je me mets à genoux pour pouvoir bouger le gros caillou. La pierre est lourde et je m'écorche la main dessus en voulant la faire pivoter. J'y parviens néanmoins et là, je découvre tapis dans la poussière, un petit serpent flamboyant lui aussi. Il se dresse devant moi, faisant sortir sa langue à maintes reprises. Je me retourne pour interroger du regard l'homme qui m'attend un peu plus loin. Est-ce donc ce serpent qu'il veut que je lui rapporte ?
Je ressens alors une vive brûlure sur ma nuque à la naissance de mes cheveux et je pousse un cri de douleur en plaquant ma main dessus. Je crois un moment que le serpent m'a mordue mais lorsque je me retourne, il est toujours là, en place à moitié dressé attendant que je le prenne. La douleur s'insinue lentement dans toute ma tête et je sens mes forces me quitter. Je dois pourtant apporter ce reptile à celui qui me l'a demandé. Faisant appel à mes dernières forces, je m'empare du serpent et je l'apporte à l'homme. La dernière chose dont je me souviens avant de tomber à genoux et de perdre connaissance c'est son sourire satisfait et sa voix qui me dit :
- C'est bien Shorsha.

(...)

J'ouvre les yeux. Je suis dans ma chambre, allongée sur mon lit et il fait jour. Je me lève lentement, en me frottant la nuque. Je grimace lorsque mes doigts rencontrent la racine de mes cheveux. Cela n'était donc pas un rêve. Je soupire en me préparant pour sortir. Je ne me souviens pas tout ce que cet homme m'a dit mais j'ai la sensation que j'étais d'accord avec ce qu'il m'a dit.
Je reste stupéfaite en sortant de ma chambre lorsque je vois le calendrier accroché au mur. Nous sommes le 1er Fraouctor 636 et le jour où Perce-Oreille est resté prisonnier dans le donjon était le 30 jouiller. Je n'ai aucun souvenir de ce que j'ai pu faire hier.
Perce-Oreille ! Je dois savoir s'il a pu sortir de ces salles humides et si ce n'est pas le cas, je sais ce qu'il me reste à faire. J'empoigne la clé trouvée quelques jours plus tôt dans l'estomac d'un des bouftous que j'ai chassé et je cours jusqu'au village de l'Asse Garde.

Assis au bord de la Mer d'Asse, à l'extreme pointe de la Péninsule des Gelées, Perce-Oreille a le regard perdu dans l'incessante dance des vagues.
Il l'imagine se baignant dans les flots, écoutant ses conseils pour améliorer sa connaissance de la natation. Il lui coure après, l'éclabousse et s'enfuit dans l'eau. Il se laisse rattraper et l'enlace dans cette étreinte d'amour qu'il n'avait jamais connu avant.

"Shorsha......tu me manques tellement......ou es-tu ?...... que fait-tu ?.......tu mets tes chaussettes ?"

Perce-Oreille avait vite compris que la jolie fleur qui avait conquis son coeur d'une manière si foudroyante était une fleur sauvage...une de ces fleurs que l'on attrape pas, que l'on ne peux cueuillir sans la blesser....Il savait qu'il ne pouvait que lui donner tout son amour et virevolter autour d'elle tel un jeune papillon conquit par l'étrange et irrésistible beauté de la plus belle fleur des champs....Il avait rapidement réalisé qu'elle pourrai disparaitre ainsi sans crier garde....mais cela faisait si longtemps à présent qu'il n'avait aucune nouvelle.

"Elle ne m'aime plus, ça doit etre ça....elle est retourné auprès de celui qu'elle allait épouser....j'ai du la blesser sans m'en rendre compte...l'ai-je aimé trop fort ?.....Argggggg je suis maudit.....Pourquoi cette douleur au coeur ? Pourquoi tant de peine apres tant de bonheur ?....Mais elle m'aurait dit ! Juste un mot...elle me l'aurait dit.....alors il lui est arrivé quelquechose !!!!
Quelle andouille je fais...il lui est arrivé quelquechose et je suis là à attendre sans réagir à me demander si elle m'aime."

C'est avec la rage au ventre de n'avoir pas réagi plus tôt que Perce-Oreille cours à travers bois et champs pour enfin atteindre la maison ou Shorsha vit avec son Grand-pere, completement à bout de souffle.

"Bang bang bang ... Ouvrez messire...c'est moi...Perce-Oreille...vous devez savoir qui je suis....je vous en conjure.........ouvrez-moi.........OUVREZ-MOI........je dois la voir....je dois la voir...................s'il vous plait......"

Perce-Oreille se laisse glisser à terre, contre la porte de la petite maison, prit par un sanglot intarissable....Il pleure toute la douleur de son coeur......et pleure encore.......

Chaque jour a vu Perce-Oreille venir frapper et pleurer à la porte de la maisonette.....Mais rien, il n'y avait plus personne. Shorsha et son grand-père avaient tous deux disparus sans laisser de nouvelle ou d'indice.....Elle n'avait pas pu partir sans le prévenir, sans un mot, un geste. Quelquechose leur était arrivé, Perce-Oreille en avait l'intime conviction.....

Constatant en ce jour que l'énergie qu'il déployai pour le clan ne servait pas à grand chose et que ses nombreux projets pour l'Asse-Garde étaient probablement voués d'avance à l'echec, Perce-Oreille comprit qu'il était temps pour lui de ne penser qu'à lui et de partir à la recherche de son unique amour.

Il écrivit une note qu'il laissa sur la place du village accompagnée d'un pétale de tournesol sauvage qui lui servait habituellement de signature.

"Mes frères et soeurs, j'ai trop longtemps délaissé ce que mon coeur me dictait au profis de notre clan. Mais je m'aperçoit que mes efforts sont vains, je n'ai rien à vous apporter, vous possedez tout et mon aide ne vous est pas utile. De nombreuses fois mes questions sont restées sans réponses, de nombreuses fois mes propositions que je croyais basées sur la sagesse ont été ignorées au profis du conflit. J'ai été présomptueux de penser que je pouvais faire preuve de cette sagesse et m'en excuse.
Je pars aujourd'hui accomplir ma quête: retrouver tout ce que je croyais avoir et que j'ai perdu. Peut-etre obtiendrai-je un peu de cette sagesse et experience qui me fait défaut.

Je ne sais pas ce que je vais faire, je ne sais pas ou je vais aller. Je me sent perdu comme si je devai trouver une aiguille dans une botte de foin. Il me faut trouver la paix, la réflection et je dois pour cela m'éloigner du trouble qui baigne notre confrérie....j'en suis peut-etre fautif...j'en suis certainement l'un des facteurs...mais je me sent impuissant à le résoudre....Au revoir mes frères et soeurs, je reviendrai ddès que je le pourrai. Alors peut-etre servirai-je à quelquechose.

Perce-Oreille le fils de Piou Famug"

Après avoir lu le message de Perce, Ekkin se demanda où elle pourrait le trouver rapidement. Il était hors de question qu'elle laisse de nouveau partir du Clan un membre important sur un coup de tête. Elle prit le zaap pour Astrub et se rendit immédiatement à l'hotel de vente des ressources. Perce avait l'habitude d'y passer plusieurs fois par jour, elle le trouverait surement là-bas. Malheureusement, nul trace du fils de Piou. Tout juste aperçut-elle un petit groupe se faire massacrer par quelques Astrubiens ne faisant même pas partie de la LAP. Enfin ce n'était pas son problème pour l'instant, elle devait retrouver Perce avant de devoir partir le lendemain.

- Où te caches-tu Perce, où te caches-tu ... ?

La Sadida écuma tous les endroits où elle aurait pu le trouver en train de bucheronner. Dans cette situation elle aurait même réussi à supporter la vision d'un arbre abattu, mais malheureusement une fois encore, elle fit chou blanc. Nul trace de hache sur les arbres, nul trace de Perce dans les rues. Mais où pouvait-il donc être ... Mais bien sûr ! L'atelier du sculpteur.

Ni une ni deux, elle se rendit en quatrième vitesse dans la petite maison de bois qu'elle avait fréquenté quelques temps, avant de laisser tomber ce métier. Une foule assez important se pressait devant la porte et dans l'atelier, un sculpteur de qualité devait se trouver là-bas, Perce a n'en pas douter.

- Perce, Perce, faut que je te ...
- Chacun son tour ma petite, lui répondit un vieux crâ accoudé à une table de sculpture. Et puis d'abord je sculpte, je ne perce pas.
- Euh non, je parlais de Perce-Oreille.
- Ah je vois. Tu dois aller dans le coin sud-est. La porte de la deuxième maison, celle aux fenêtres bleues, frappe là-bas.
- Merciiiiiiiiiii, dit-elle en partant en courant sans se demander un seul instant ce que Perce pouvait faire là-bas.

Ekkin se fraya un passage à travers les badauds, bouscula quelques touristes de passage, probablement des kébékwaks à la vue de leur langage, et se dit qu'elle devrait demander des cours à Perce pour comprendre cette étrange langue. Mais d'abord l'empêcher de partir...

TOC TOC TOC !

La Sadida frappa quelques petits coups secs à la porte qui s'ouvrit.

- Oui, c'est pour quoi ?
- Euh, je viens euh, pour Perce-Oreille.
- Hum ... très bien entrez.

L'hôte jeta un coup d'oeil dans le rue comme pour vérifier qu'Ekkin n'était pas suivie et referma la porte derrière elle.

- C'est derrière le rideau là-bas.
- Merci beaucoup.

Elle avança lentement, prenant sa respiration et répétant ce qu'elle comptait lui dire. Elle poussa le rideau et ... tomba nez à nez avec un énorme Osa, une horreur de la nature, le visage entier recouvert de bouts de métal pliés et colorés.

- C'est pour le nez ou pour l'oreille ? demanda-t-il en montrant ses outils de travail.
- Euh, c'est une erreur de numéro, désolée.

Après plusieurs minutes de course, Ekkin s'arrêta enfin. Elle ne savait pas où elle était tombée, mais ce n'était pas sur Perce assurément. Elle se posa près d'un chêne et ouvrit son sac pour manger un petit morceau. C'est là qu'elle découvrit un pot de gelée verte rapporté de leur virée de la veille. Et là, une chose inhabituelle se produisit. Ekkin eu un éclair de génie ...

Après avoir réuni quelques affaires, ainsi que délicatement déposé son précieux herbier dans le sac de récolteur que Krapette lui avait offert à cet effet, Perce-Oreille retourna à Astrub la cité des pious en grignotant des Greu-vettes, au grand dam de Chaussette son chacha buté qui voyait sa réserve de nourriture préférée diminuer à vue d’œil.

Une fois dans le quartier des pécheurs, devant la bicoque qui lui avait servi de demeure durant presque toute sa vie, il s'arrêta net. Sa ferme intention de prévenir sa mère Piou de son départ pour retrouver Shorsha se liquéfia, comme de la graisse de foie de Porkass laissée trop longtemps sous le soleil: il ne trouvai tout simplement pas le courage d'affronter les pleurs diluviens qu'elle ne manquerai pas de lui verser sur sa tunique de bûcheron couleur camofluo.

Il fit le voyage jusqu'à sa première étape en se maudissant d'avoir enfreint l'un des 5 piliers de l'Asse-Garde en manquant de courage. Balourd Slimfat l'ours préféré d'Au-Dinde devait le regarder avec mécontentement.
Une fois devant la cascade qui masquait mal l'entrée de la grotte ou les sacrieurs sacriaient tous les dimanches matins en tenue sacrièredoçale, Perce-Oreille se remémora instantanément de ses premiers instants d'intimité avec Shorsha, sourit en revoyant son air un peu gênée lorsqu'il s'était déshabillé pour plonger dans l'eau trop glaciale de la rivière de montagne et frémit en se remémorant se premier baiser et cette première étreinte......Pourquoi se pas l'avait-il mené là ? Pourquoi sa quête d'indices pour retrouver Shorsha le menait vers ces souvenirs de bonheur ?

Perplexe, Perce-Oreille marcha à travers Amakhna, traversant champs et forêts sans même un regard pour les merisiers qui n'attendaient pourtant que sa hache Tim Beur pour s'abattrent avec volupté sur les couples Sadidas....Il était déterminé...il devait aller......par là...... et c'est là qu'il se rendit, du moins c'est là que ses pieds l'emmenèrent car son esprit étais accaparé par son chagrin.

Là...oui c'était bien là qu'il avait commencé à apprendre à Shorsha à nager.
Là qu'ils avaient batifolé joyeusement dans la Mer d'Asse.
Là qu'il l'avait vu pour la dernière fois, disparaissant entre deux gelées après lui avoir souhaité une bonne nuit.

Aucune trace d'elle....Le sable avait refusé de lui fournir un quelconque indice...tout ce qu'il restait de Shorsha c'était son souvenir.....une larme coula sur sa joue......" Je ne pourrai jamais la retrouver....Elle n'a rien dit, n'a laissé aucun indice.....elle m'a abandonné.....elle a laissé mon amour s'échouer sur cette plage......

Perce-Oreille fondit en larme et laissa sa terrible peine s'extérioriser, recroquevillé entre deux rochers.

Et là, une chose inhabituelle se produisit. Ekkin eu un éclair de génie ...

- Bon sang, mais c'est bien sûr !

La Sadida ne tenait plus en place. Comment n'y avait-elle pas pensé avant ? Il fallait qu'elle fut élevée par un iop pour avoir fait preuve d'une si grande bétise. Mais cette gelée verte lui avait remis les idées en place et elle prit immédiatement la direction de la sortie de la ville.

- Madame ? Dessine moi un bouftou.

La Sadida s'arrêta de courir et tourna la tête vers un étrange petit xelor. Il avait les cheveux blonds et ne portait pas l'habit bleu habituel de ces magiciens du temps mais plutôt une toge verte.

- Pardon mon petit ?
- Dessine moi un bouftou.

Ekkin le dévisagea avec surprise. Que faisait donc ce petit bonhomme au beau milieu du chemin, tenant tout contre lui une rose rouge et répétant sans cesse de lui dessiner un bouftou ...

- Madame ? Dessine moi un bouftou.
- Mais je ne sais pas dessiner moi.
- Pas grave, dessine moi un bouftou.
- Je n'ai ni papier ni crayon mon petit.
- Ce n'est pas un problème, dessine moi un bouftou.
- Dis, t'es dur de la feuille ou il te manque une case ?
- Allez quoi, dessine moi un bouftou, fais pas ta radine.

La conversation prenait une tournure agressive et le petit Xelor commençait à sérieusement ennuyer la Sadida.

- Bon, comment tu le veux ton bouftou ? lui demanda-t-elle en attrapant un bout de bois et grattant la terre meuble devant elle.
- Tout blanc, mais avec des grandes ailes rouges. Une grosse épée qui fait mal et un bouclier pour le protéger. Une coiffe +40 mini en force, une cape genre wabbit jet parfait, des bottes +1PM et puis aussi une amulette kamas ultra.
- Voilà c'est fini, dit Ekkin en jetant son baton au loin.
- Tu te moques de moi, tu n'as rien dessiné du tout.
- Mais si, mais ton bouftou, c'est un boss. Alors comme tous les boss il sait se camoufler pour pas être repéré. La classe non ?

Et elle repartit aussi sec, laissant le petit xelor admirer son chef-d'oeuvre. Peu de temps après, elle arrivait à l'endroit où la gelée menthe l'avait guidé et où elle pensait pouvoir retrouver Perce-Oreille : la maison de Madame Irma Ladousse, diseuse de bonne aventure et lisant le passé, le présent et l'avenir dans la bave de gelée.

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[HRP]Faut pas m'en vouloir, j'ai pété un plomb[/HRP]

Ekkin sortait de la tente d'Irma à la foire du Trool lorsqu'elle tomba nez à nez avec Estercat qui s'acharnait à pêcher des koinkoins. L'ecaflipette pestait de ne récolter que des lots decevants.

"Pfff... Une pince de cwabe maintenant... Quelle déveine !"

Ekkin raconta à son amie que Perce avait disparu et qu'elle s'était mise en quête de le retrouver. Hélas, ses pérégrinations n'avais pas abouties et même Irma Ladousse n'avait vu que de l'eau dans ses flaques de gelée. La sadida était déprimée d'avoir fait chou blanc. Estercat lui remis sa canne à pêche.

- Tiens, essaye ! Tu verras, c'est très amusant, et puis ça te changera les idées. Je prends le relai, je vais rechercher Perce à mon tour. Pendant ce temps, tâche de me pêcher un vrai koinkoin !

Estercat était certes de bonne volonté, mais où chercher ? Ekkin avait déjà vérifié tous les endroits auxquels elle aurait elle-même pensé. La voyante avait parlé d'eau... Autant dire que c'était plutôt vague comme indice...

"Pourvu qu'il n'ait pas bu la tasse !"

Où orienter ses recherches ? Un lac ? Un étang ? La mer ? Le regard de l'ecaflipette se posa sur la pince de crabe qu'elle tenait toujours dans sa patte.

- Et si je commençais par aller voir les plages ?

Estercat chercha longtemps. Elle entama ses recherches à Madrestam, interrogeant les habitants, montrant un portrait de Perce-Oreille revêtu de sa tenue en peau de bouftou qu'on lui connaissait habituellement. C'est un pêcheur qui le reconnut enfin.

- Ah vi, c'est bien c'gars là. P'tête un peu plus amaigri, mais c'est bien le fou de la Mer d'Asse que j'ai encore croisé hier.
- Comment ça le fou ??
- Bah c'type là, il quitte pas sa plage, recroquevillé dans les rochers, p'tête ben qu'c'est parce qu'il semble malheureux comme les pierres. Il ne fait qu'pleurer, c'est-y pas triste à son âge ? J'ai ben essayé d'lui causer, mais il n'a fait que répéter des mots incompéhensibles : sors le chat... ou p'tête ben... chaud hors ça... Il doit délirer... Un fou j'vous dis !

Estarcat pâlit. Si le pêcheur n'avait rien compris à la complainte de Perce-Oreille, l'ecaflipette, quant à elle, eut vite fait de reconstituer les pièces du puzzle. Elle demanda au marin de lui indiquer précisemment où il avait vu "le fou de la Mer d'Asse" pour la dernière fois et courut comme une flèche en direction de la péninsule des gelées.

Et c'est là qu'elle le retrouva, terriblement affaibli, de grands cernes entourant ses yeux habituellement si rieurs. Elle s'assit à ses côtés et écouta son histoire : la disparition de Shorsha sans un mot d'explication, ses recherches désespérées, la maison de son grand-père vidée de ses meubles, et tous les deux, disparus sans laisser la moindre trace. Après avoir énoncé son récit, Perce-Oreille gémit de plus belle et se recroquevilla sur lui-même en pleurant. Estercat était abasourdie. Son ami était visiblement très malade. Il se mourrait d'amour pour une disparue qui l'avait tout bonnement abandonné après lui avoir pris son coeur. Il fallait le soigner, et vite, sa vie était en danger !

Estercat était maître alchimiste, et raisonnait comme tel. Pour elle, il fallait faire boire à son frère de clan une potion de guérison, et tout s'arrangerait. Mais quelle potion pouvait guérir Perce-Oreille de son mal d'amour ?

- Perce ? Puis-je t'emprunter ton herbier ? Je voudrais regarder les plantes que tu as collectionné pour une potion dont j'ai besoin.
- Shooorshaaa....
- Ok... Je prends ça pour un oui....

Estercat feuilleta précautionneusement le recueil de plantes de Perce-Oreille. Il regroupait une formidable collection de végétaux que l'on pouvait trouver dans ces contrées. Soudain, son regard s'illumina. Elle avait trouvé ! Elle savait quel ingrédient composerait son filtre de désamour. Elle préparerait pour son ami une infusion de pétales de roses démoniaques. Elle s'attela aussitôt à la tâche.

Tout ce dont je me souviens c'est de m'être réveillée le nez dans la poussière sur le bord de ce chemin. Depuis combien de temps suis-je là, je ne sais pas. J'aperçois à quelques pas mon Grand Père allongé sur le sol face contre terre, inerte. Je sens mon coeur s'emballer et je me relève pour me rendre à ses cotés.

Horreur et damnation ! Mon Grand Père gît dans son propre sang, sans vie. Je sens la terre s'ouvrir sous mes pas et une rage, une haine incommensurable s'embraser dans mon coeur pour le responsable de cela. Des larmes brûlantes coulent sur mes joues quand j'empoigne mon couteau de chasse pour le planter dans un geste furieux dans le sol et là je reste interdite, stupéfaite.

J'ai les mains couvertes de sang, ma lame de chasse l'est tout autant. Serais-je la responsable ? Je me frappe les tempes avec mes poings pour tenter de recouvrer mes esprits. Me souvenir, je dois me souvenir... encore un effort, je dois me souvenir, je dois savoir !

Le voile de brouillard s'étiole lentement et des flashs remontent à ma mémoire. Je me revois encore parlant de la marque dans ma nuque à Grand Père. Je le revois blêmir et boucler nos valises en quadrule vitesse, je nous revois quitter Astrub sans qu'il m'ait donné une once d'explication hormi "c'est pour ton bien". Je me revois pleurer et refuser de le suivre sur le chemin, l'implorant de me laisser prévenir mon papillon de notre destination. Je le revois me refuser fermement et me trainer par la main. Je revois ces murrailles de pierre blanche plus hautes qu'un arbre se dessiner à l'horizon et puis je le revois lui, cet homme à la haute stature qui nous barre la route.

A nouveau c'est le vide dans mon esprit, j'essaie de comprendre de quoi mon Grand Père voulait me protéger et puis une nouvelle vague d'images me frappe. Mon Grand Père est terrorisé, figé devant cet homme qui m'a déjà fait plier en me demandant de lui rapporter ce serpent. Je me tiens au contraire face à lui droite et fière et je le regarde dans les yeux. Il lève son index autoritaire et j'entends qu'il me parle dans sa tête. "Libère toi Shorsha, sois libre... Tue le !" Je lutte, je lutte contre cet ordre contre nature. Je ne veux pas faire ce qu'il me demande, mais je vois ma main droite venir empoigner mon couteau fermement. Lorsque je me retourne vers Grand Père, ce que je lis dans son regard me glace le coeur d'effroi. Il a comprit. Il a comprit qu'il était trop tard. Il a comprit qu'il ne pouvait plus me protéger et qu'il aurait dû se protéger. C'est à nouveau le noir complet.

Je pleure toutes les larmes de mon corps. J'ai tué mon Grand Père. Je n'ai pas su résister à l'ordre intimé par cet homme. Cet homme qui me controle, cet homme qui me fait plier comme une brindille. Je ne sais pas ce qu'il a fait de moi, mais je n'aime pas cette Shorsha que je suis devenue. Je ne me sens pas maitre de mes gestes, pas maitre de ma vie et je hais cet homme, oui je le hais de toutes mes forces pour ce qu'il m'a fait faire. J'ai tué l'une des deux personnes auxquelles je tenais le plus. J'ai tué mon Grand Père. Je tombe soudain en panique. Perce-Oreille. Je ne dois pas l'approcher, je ne dois plus le revoir ! Il va vouloir que je le tue lui aussi, je le sens, je le sais. Non, je ne dois pas mettre Perce-Oreille en danger. Je donne à mon grand père une sépulture, priant les dieux de me pardonner un jour et je rammasse mes affaires pour aller aussi loin que me porteront mes pas.

Je m'arrête dans une auberge pour écrire une lettre, une lettre à mon joli papillon. Comme il me manque ! Comme la caresse de ses ailes sur mes joues lorsqu'il virvolte autour de moi me manque ! Je l'aime et parce que je l'aime je dois m'éloigner. Quel paradoxe insoutenable. Je confie le courrier à mon petit bwak, lui saura retrouver Perce-Oreille, je le sais, et je reprends ma route pour partir loin, très loin et essayer d'oublier... tout contre moi, je serre cette fleur qu'il m'offrit un soir, je la cajole, je la chéris de toutes mes forces.


(ne m'attendez pas avant les prochaines vacances scolaires...)

Pas rasé depuis plusieurs jours, la tignasse en bataille, quelques algues collées à ses vêtements et une odeur digne du quartier des poissoniers d'Astrub qui émane de sa personne: Perce-Oreille accueuille l'arrivée d'Estercat avec indifference, trop occupé qu'il est à chercher une hypothétique trace de Shorsha dans le sable mille fois remué par les vagues et le vent; trop occupé qu'il est à se morfondre et à pleurer cette douleur qu'il est incapable d'éteindre ou ne serai-ce qu'atténuer.

Mais sous l'insistance de sa soeur et amie, Perce-Oreille finit par lui raconter son chagrin, lui dire tout ce qu'il sait, c'est à dire pas grand chose. Il continue à lui raconter et raconter encore, ne se rendant pas compte qu'il vient de le faire plusieurs fois et ce jusqu'à ce qu'un petit bwak de feu fasse son apparition avec une lettre.

"Ester, c'est le bwak de Shorsha !"

Perce-Oreille se précipite sur la lettre qu'il manque de déchirer dans son empressement à l'ouvrir. Il l'a lis lentement....pui s'éffondre à terre, la lettre tombant comme une feuille d'automne à ses cotés.

"Elle....elle est partie....elle ne reviendra peut-etre jamais....elle dit qu'elle doit s'éloigner de moi....qu'elle peut me faire du mal.....mais si je ne peux etre à ses cotés pour l'aider, comment pourrais-je etre heureux ?
Comment pourrai-je survivre à la douleur de cet amour que j'ai pour elle et qu'elle ne peux recevoir....qu'elle ne peux gouter ?

Regarde Ester ce qu'elle m'écrit, je ne pourrai jamais plus vivre normalement en sachant qu'elle m'aime, qu'elle a besoin de mon aide mais que je ne pourrai pas la lui donner."

"Mon joli Papillon, je vais te raconter une histoire :

"Il était une fois une fleur des champs et un papillon. Elle aimait le voir tourner autour d'elle, bouger ses ailes colorées, la frôler. La fleur riait et était heureuse et aurait tellement souhaité que sa vie soit toujours ainsi. Car elle aimait son papillon.
Mais un jour d'orage, alors qu'elle ne voyait pas le papillon quelque chose de terrible se produisit. La fleur se transforma, de longues pointes poussèrent sur ses pétales et la faim s'empara d'elle. Elle se mit à gober et avaler toutes les mouches et insectes qui venaient se poser sur elle. La fleur aimait son papillon, alors elle préféra se refermer sur elle même plutôt que de prendre le risque de blesser le joli papillon lorsqu'il reviendrait."

Je ne t'ai jamais parlé de ce rêve que j'avais fait le soir où tu étais resté coincé dans le donjon des bouftous, mais il a changé ma vie, vie que je me voyais vivre heureuse à tes cotés. J'ai changé et je n'ai pas changé dans le sens où je le souhaitais. Je me fais peur et j'ai peur de ne pas pouvoir me controler... J'ai fait du mal à mon Grand Père et j'en porterai le poids sur mes épaules toute ma vie. Je dois trouver comment expier mon geste et me libérer du mal qui me ronge.

Je dois m'éloigner de toi mon joli papillon car je ne suis plus maitre de mes gestes, plus maitre de moi même et je ne veux pas te faire de mal.

Je t'aime pourtant, tu es la seule lumière qui me reste dans la vie...

Shorsha."

Estercat attrapa la lettre tendue et en prit connaissance avec un air grave.

"Du mal à son grand-père... Ne se contrôle plus ?... Serait-elle donc devenue un danger pour ses proches à un point tel qu'elle craigne pour leur vie ? Plus aucun doute possible : cet amour maudit est un danger pour Perce, je dois l'en délivrer. Si Shorsha veut vraiment l'éloigner d'elle pour le protéger, elle comprendra que je fasse disparaître la fleur de la vue du papillon."

Estercat se leva, fracassa un crabe juste à côté d'eux, et en tira de l'eau qu'elle mit aussitôt à chauffer sur un petit foyer qu'elle alluma d'une flamiche. Fouillant dans son sac bien rempli de ressources hétéroclithes, elle en sorti un sachet renfermant de nombreux pétales de roses démoniaques. Elle les fit infuser, puis filtra sa décoction avant de la verser dans une fiole. Le filtre de désamour était prêt. Elle s'approcha de son ami et lui dit d'une voix ferme.

Perce, tu es vraiment mal en point ! Il nous faudra avoir les idées claires si l'on veut trouver un moyen d'aider Shorsha. Cette potion te fera recouvrer tes esprits et ta concentration. Bois mon ami, ça te fera du bien.

[HRP]

Shorsha, les vacances annoncées ont eu lieu et tu ne t'es toujours pas manifestée. Ton silence depuis des mois est incompatible avec une volonté de s'impliquer au sein de la guilde. L'Asse Garde n'a pas besoin de fantômes. Ton personnage ne fait donc plus partie de la guilde.