Souvent on les entend hurler à la lune, et il faut bien l'admettre, souvent ils nous cassent les oreilles avec leurs cris déchirants, discordants et dissonants... Toutefois, il y a bien longtemps naquit un meulou dont le chant suave était un ravissement pour les oreilles autant qu'un présage de terreur indicible. Ce meulou avait pour nom Wolfgang, mais il fut vite surnommé Mozart par les habitants en raison de son épouvantable odeur de fromage (on ne peut pas être agréable à tous les sens mon bon ami). En effet lorsqu'on le sentait, souvent trop tard, on s'exclamait : "Mozart est là !". Ce cri devait d'ailleurs donner le nom à un fromage qui ne sent pas. Etrange mystère de la raison humaine dont nous n'étudierons pas les causes.
Wolfgang, le meulou mélomane, naquit d'une meulouve ordinaire et d'un meulou des montagnes. La grotte de ce meulou est d'ailleurs encore visible au sud du zaap d'Amakna si vous aimez les excursions familiales. Les meulous des montagnes, contrairement à ceux des plaines, savent chanter et même chanter juste. On suppose, mais c'est loin d'être prouvé, que ce talent est dû à la proximité des sites de nidification des kwaks. Le père de Wolfgang avait pour nom Louwopold, il était déjà bon chanteur, mais son fils allait le surpasser en tout. Lorsqu'il avait 6 ans, Wolfgang fut présenté au roi des bworks par son père. Le jeune Wolfgang, qui était très bricoleur, entrepris de se confectionner un... Un truc en os de tailles diverses qui ressemblait furieusement à un piano !
Frappant les touches avec entrain, il improvisa une petite sonate au clair de lune, sous le regard médusé et admiratif des bworks.
"Kom sé bô, fit le roi des bworks, on diré le chan de la prinsess Allisteria avan ke le bouro la koup en rond d'elle"
(Et de fait, ce chant du cygne, interprété par une jeune fille, est resté célèbre même en dehors du village bwork).
Wolfgang fut ensuite présenté à tout le gratin du monstromonde : le Maître Corbac lui fit un triomphe, le Sphincter Cell fit graver dans la pierre l'intégrale de ses oeuvres, en priant qu'un jour on invente le tourne pierre pour écouter à nouveau ces fantastiques symphonies. C'était un triomphe, Wolfgang avait un harem de meulouves à ses pieds, il prenait des bains de lait de bouftou (ce qui lui donnait cette odeur de fromage tant appréciée de certaines et redoutée d'autres), il avait même un superbe donjon rien que pour lui où ses fans les plus ultimes, essentiellement canins, venaient tenter, tant bien que mal, de reproduire ses oeuvres.
Mais les belles histoires ont toujours une fin tragique... Le sale Yéri, un musicien brakmarien, violent, alcoolique et puant, prit ombrage du succès de Wolfgang Mozart. Il monta une expédition et traversant les landes de Sidimote, ils arrivèrent en vue du donjon. Ce fut un carnage. En ce jour funeste, la population de canidés vit ses effectifs chuter de moitié. Le sale Yéri massacrait les ouginaks, kanigrous et mulous avec son violon en pierre en éructant :
"Je voue mes nuits à l'assassin Fonie!".
On ne sut jamais qui était ce Fonie, mais il doit se retourner dans sa tombe s'il sait ce que fit Yéri en son nom.
La confrontation entre Yéri et Mozart fut brève, Mozart mourut en entamant une symphonie inachevée, non sans blesser profondément ce sale Yéri qui notait, le fourbe voleur, les dernières envolées lyriques du génial Meulou...
Ainsi mourrut Mozart le meulou mélomane. Quant à Yéri, personne ne sait ce qu'il est devenu... On murmure que son rire dément éclate parfois dans le cimetière de Brakmar...